Âgé de 23 ans, le défenseur central genevois a signé cet été son premier contrat professionnel. Il évoluera du côté du KF Llapi en première division kosovare. Lumière sur une trajectoire aux airs de grand huit.
La carrière professionnelle de Taulant Lutfiu vient tout juste de décoller et pourtant son parcours est déjà riche en anecdotes et autres aventures. Evoluant au sein de la deuxième équipe de l’US Terre Sainte jusqu’en juin dernier, le joueur formé à Meyrin et UGS a fait un pas de géant cet été pour se retrouver à porter les couleurs de l’un des meilleurs clubs kosovars : le KF Llapi. Ce dernier a terminé deuxième du dernier championnat, dépassé sur le fil par le triple champion sortant Ballkani. Une position qui permet à ce club historique de disputer actuellement les barrages pour une place européenne. Passer de la 2ème ligue vaudoise au football professionnel en seulement quelques jours, c’est l’histoire folle de Taulant Lutfiu.
« J’ai commencé le foot assez tard »
Il faut l’avouer, celle-ci, pas grand monde ne l’avait vue venir. Bien que talentueux, Taulant Lutfiu n’effectuait de loin pas la trajectoire idéale pour devenir professionnel. Pour commencer, le défenseur central est passé du tennis au football à l’âge de 14 ans. « J’ai commencé le foot assez tard au Meyrin FC. C’était la première fois que je jouais en club ». Ensuite, il n’avait jamais réussi à trouver la stabilité dont il avait besoin pour progresser et s’épanouir. En l’espace de 7 ans, il vient de signer dans son 8ème club. Un parcours semé d’embûches qui l’a vu notamment passer par Versoix, l’OG, le SLO, Italia Nyon ou encore Paradiso.
Malgré les difficultés, Taulant Lutfiu est resté déterminé.
« Il est vrai que j’ai connu pas mal de péripéties », avoue le principal intéressé. Néanmoins, il a eu le mérite de ne jamais jeter l’éponge, même quand les choses n’ont pas tourné en sa faveur. « Après mon passage à l’OG en 2021 où je n’ai quasiment pas joué, un agent de Lugano me ramène à Paradiso. Au moment où je m’apprête à signer, je vois que sur le contrat le club ne me propose que CHF 800.- de salaire, sans logement. Je savais que les joueurs gagnaient généralement autour des CHF 2400.- là-bas. En fait, l’agent en question avait négocié de son côté pour récupérer l’appartement pour lui, ainsi qu’une grosse partie de mon salaire ».
Cette mésaventure n’en est qu’une parmi tant d’autres. Face aux promesses non-tenues et coups dans le dos, Taulant Lutfiu est resté calme et travailleur, toujours avec son objectif en ligne de mire. Il a notamment eu le nez fin en partant en test du côté d’un club zurichois. « Je suis allé tenter ma chance en Suisse-allemande. Tout s’est bien déroulé, mais je ne suis pas resté, car cela faisait trop de kilomètres ». Il était trop compliqué pour lui de combiner ses études en Digital Marketing chez CREA et les longs déplacements en train. Néanmoins, cette aventure lui a permis de se mettre en valeur. « A la suite de ce test en 2022, j’ai eu une première proposition de Llapi. Le club m’a proposé un contrat de 4 ans après quelques tests effectués sur place, mais j’ai refusé à cause notamment de la longue durée du contrat ».
Ce n’était que partie remise, puisqu’après un an et demi passé à cumuler du temps de jeu à l’USTS II et à Italia Nyon, le Genevois s’est vu proposer une nouvelle opportunité à la hauteur de ses attentes cette fois-ci. « J’ai signé une année, plus une autre en option. Ce qui me convenait parfaitement ».
Place aux choses sérieuses
Le 22 juin dernier, Taulant Lutfiu a donc paraphé son tout premier contrat professionnel après une semaine de tests. « Exactement le même jour que la première proposition qu’ils m’avaient faite il y a deux ans », souligne-t-il. Au-delà d’être désormais considéré comme un joueur professionnel, ce sont surtout les conditions qui sont essentielles aux yeux du Genevois. « Avec deux entrainements par jour, six fois par semaine, je sens déjà que je progresse énormément et c’est bien cela le plus important. Mon évolution durant cette saison peut être énorme. C’est très intense et le niveau est comparable à celui de la Challenge League en Suisse ».
Taulant Lutfiu, à l’entraînement avec Llapi.
Pas dans le groupe pour le premier barrage d’Europa League perdu face aux Polonais de Wisla Krakow (2-0, 1-2), Taulant Lutfiu sait qu’il lui faudra du temps. « L’entraîneur a décidé de miser sur son groupe de l’an dernier pour ce premier barrage qui arrivait très vite dans la préparation. Malheureusement, pour le match aller contre Brondby ce jeudi soir en barrage de Conference League, je ne serai pas disponible, mais j’espère être présent pour le retour ». La concurrence à son poste est férue : « En défense centrale, il y a notamment un international kosovar qui évolue. Il va falloir que je travaille dur et que je gagne ma place. Les matchs amicaux se sont très bien passés pour moi et j’espère avoir ma chance assez vite ».
Le défenseur a déjà les idées claires sur ses envies et sur la suite qu’il souhaite donner à sa carrière de footballeur : « J’espère progresser cette saison et avoir des minutes afin de pourquoi pas revenir en Suisse la saison prochaine en Challenge League. Rester à Llapi ou encore partir du côté de la Turquie pourraient aussi être des possibilités. Il faudra d’abord que je fasse mes preuves de toute manière ». Taulant pourrait également se mettre en valeur avec les M-21 du Kosovo. « J’ai eu quelques contacts avec le sélectionneur national des jeunes qui m’a ouvert la porte. Cela peut-être une magnifique opportunité pour moi ».
Les challenges sont donc nombreux pour le Genevois, qui en plus de batailler pour une place de titulaire devra vivre pour la première fois loin de sa famille et de ses deux grands frères. Il devra également tenter de terminer son Bachelor chez CREA en parallèle de ses entraînements. « Les journées sont chargées, car je fais ma troisième année à distance, mais c’est important pour moi d’obtenir ce diplôme ».
L’évolution de Taulant Lutfiu sera à suivre tous les lundis dans notre rubrique des Genevois de l’étranger. La première division du championnat kosovare reprendra ses droits mi-août, en espérant que le défenseur pourra rapidement y jouer un rôle important.
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