Valter Piccoli, des salles obscures au gazon de la Fontenette

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Junior à Etoile Carouge, Valter Piccoli a commencé par être gardien de but avant de devenir technicien en sous-titrage. Son métier ayant disparu, il est devenu le gardien du stade.

Enfant de la cité sarde, Valter Piccoli a connu un parcours atypique. Comme footballeur et dans la vie civile. Junior à Etoile Carouge, il est gardien durant une quinzaine d’années au cours des décennies ‘70 et ’80, parce que Gaby Jacquet, entraîneur et dénicheur de talents renommé à l’époque, en a décidé ainsi.

En quittant les Stelliens, il devient joueur de champ. D’abord au FC Cologny-Geneva (désormais FC Geneva), sous la houlette du regretté Pierre Laperrouza. Puis au FC Saint-Jean (désormais Olympique de Genève après la fusion avec Athlétique-Regina), alors entraîné par José Zapico (1948, ex-joueur de Servette et d’Etoile Carouge). Enfin, en Seniors à Choulex, où il remporte 2 fois la Coupe de Suisse.

Valter Piccoli en tant que joueur de champ, sous le maillot du FC Saint-Jean.

En 1986, il se lance dans le métier de technicien en sous-titrage de films. Celui qui sera le sien durant un quart de siècle. Là aussi, tout part de la Fontenette. « Un jour, j’avais à peine 19 ans, je tondais le gazon, Pierre Tillmann, alors président des juniors, me dit : tu ne veux pas apprendre un vrai métier ? », se souvient Valter Piccoli.

Un métier d’une autre époque

Le cousin de Jean-Jacques, emblématique commentateur à la Télévision Suisse Romande (actuelle RTS) durant plus de 30 ans (66-98), était alors le directeur de Titrafilm, florissante entreprise de sous-titrage basée à Carouge. Celle-ci traduit les films anglophones pour toute la Suisse grâce à des contrats avec tous les majors américains, comme la Warner ou la Century Fox. Cela se faisait grâce à la technique dite de l’offset : « On photographiait un texte tapé par les secrétaires en allemand et français. Il fallait le rapetisser à l’aide d’un appareil photo spécial, avant de le transposer sur une plaque de zinc photosensible. Celle-ci devait tremper dans une solution d’acide pour graver les sous-titres en 3D sur les images », explique le principal intéressé.

Un procédé entièrement manuel nécessitant beaucoup de doigté : « Il fallait découper le texte avec une scie très fine, sous-titre par sous-titre, en évitant de scier les mots à moitié », détaille Valter Piccoli. « Il fallait mettre ce texte dans le bon ordre, mais à l’envers. Puis, on le gravait sur la pellicule 35 mm. Parfois, la couche n’était pas lisse et faisait des bulles qui pouvaient éclater au moment du passage dans la machine ». Conséquence : une multitude de petits trous apparaissent sous forme de points blancs. « Pour les boucher, on utilisait un crayon gras noir et on devait essuyer les résidus autour avec un chiffon. S’il y en avait trop, on coupait la scène, on faisait des montages : on trouvait la suite qui allait avec la séquence précédente. Ça ne se voyait presque pas », se remémore-t-il.

Cet exercice d’équilibriste fut abandonné avec le passage au laser (procédé consistant à imprimer le texte en brûlant la pellicule) au tournant du siècle. Mais cette technique ne dura pas plus de 5 à 6 ans. L’arrivée du numérique entraîne des bouleversements, à tel point que l’entreprise est vendue. Un seul collaborateur ayant les connaissances informatiques requises conserve son poste.

Des sous-titres aux titres

Valter Piccoli se retrouve alors sans travail. L’occasion de passer davantage de temps avec son fils qui commence à jouer au football à Etoile Carouge. Habitant tout près du Stade de la Fontenette, il devient coach des juniors E. Peu après, le président Pierre-Alain Brodard quitte son poste (01.07.18). Michael Palma lui succède. « Piero Costantino, directeur sportif de l’époque, m’a alors demandé de devenir intendant de la 1ère équipe. L’entraîneur n’était autre que Jean-Michel Aeby, dont j’avais été le coéquipier en juniors. Nous avons réussi l’ascension en Promotion League (08.06.19) ! ».

Après le départ de Michael Palma (01.07.20), son successeur Olivier Doglia et son comité lui proposent le poste de responsable du stade. « Ils ont vu que j’étais là toute la journée, que je faisais plein de choses. Mais j’ai dû arrêter le coaching, c’était trop ». En retrouvant le point d’attache de sa jeunesse, Valter Piccoli a réussi sa reconversion professionnelle. La boucle est bouclée.

Gardien du stade, Valter Piccoli est à la Fontenette comme à la maison. Photo : Luca Girod

Photo de couverture : Luca Girod

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