Mihailo Bogicevic, un Lausannois dans le championnat serbe

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Pur produit de la formation lausannoise, Mihailo Bogicevic dispute sa cinquième saison en Serbie. Titulaire au Spartak Subotica, qui vit dans l’ombre des deux ogres de Belgrade, le défenseur central ne regrette pas d’avoir tenté sa chance dans son pays d’origine. Portrait.

Voilà bientôt cinq ans que Mihailo Bogicevic (Lausanne, 30.05.1998) a posé ses valises en Serbie, le pays de ses parents. De la troisième à la première division, où il est aujourd’hui titulaire, tout n’a pourtant pas été un long fleuve tranquille pour lui. Pur produit de la formation du Lausanne-Sport, le défenseur central y a évolué dès l’école de football jusqu’en M21. Avec une pause de deux ans entre temps. « A la sortie de M17, je n’ai pas été retenu en M18, détaille l’intéressé. Je suis allé jouer deux saisons à Renens, en 3e ligue, avec qui on est montés en 2e ligue. Puis je suis revenu à Lausanne avec les M21 ».

Avec les espoirs lausannois, appelés Team Vaud M21 à l’époque, Bogicevic a joué deux saisons, de 2017 à 2019, sous les ordres d’Ilija Borenovic, lui aussi serbe. C’est surtout lors de la deuxième année qu’il jouit de plus de régularité: le robuste défenseur central (1m91) joue 24 matchs en 1ère ligue, atteignant les finales de promotion.

Avec Team Vaud lors d’un match contre Chênois (Photo: Jean-Luc Auboeuf)

Une arrivée compliquée dans le football serbe

En fin de contrat à Lausanne, et sans proposition particulière en Suisse, Bogicevic tente l’aventure dans son pays d’origine. C’est là que les choses se compliquent : « J’avais espoir d’intégrer le championnat professionnel serbe, mais le Lausanne-Sport a demandé des droits de formation à hauteur de 150’000-160’000 euros, il me semble. Aucun club en Serbie ne voulait payer ça ».

Cette indemnité étant exigée aux clubs professionnels, il a dû se rabattre sur la troisième division, première ligue non professionnelle du pays. Direction le FK Loznica, situé tout à l’ouest du pays, tout près de la frontière avec la Bosnie-Herzégovie, qui peut le faire signer sans devoir mettre la main à la poche. « Je connaissais le président, il m’a appelé pour me dire que si je n’arrivais pas à trouver une solution, il pourrait me faire signer à Loznica », se souvient Bogicevic.

Dans le club de la ville d’où il est originaire, qu’il avait l’habitude de visiter en vacances, le Lausannois est titulaire indiscutable et connaît la promotion à l’échelon supérieur. Mais le LS veille au grain : « Quand on a été promus en D2, je n’avais pas encore 23 ans, du coup Lausanne avait toujours besoin des indemnités de formation. Mais cet été-là, en 2020, y a eu un changement de directeur sportif au club (Souleymane Cissé a remplacé Pablo Iglesias, ndlr) et ce dernier a trouvé un accord avec mon club pour me laisser jouer sans débourser de frais ».

Avec Loznica, son premier club en Serbie.

La confirmation au Spartak Subotica

Pour sa deuxième année à Loznica, sa première dans le monde professionnel, il joue 32 matchs sur 34 et le club finit à la 5e place. Cela va lui servir de tremplin pour signer en première division. Le défenseur atterrit au FK Spartak Subotica, au nord du pays, à la frontière avec la Hongrie cette fois.

Pour le Vaudois, la vraie émancipation commence à cette période, en territoire inconnu. « Avant de signer à Subotica, j’avais joué à Lausanne et Loznica, deux villes que je connaissais. Pour la première fois, je me retrouvais dans une ville où je ne connaissais personne. Il a fallu une petite période d’adaptation, mais j’ai été très bien accueilli. J’ai tout de suite été titulaire, ce qui a beaucoup aidé ».

Titulaire à tous les matchs de la saison régulière lors de la première saison, il en joue environ la moitié lors de son deuxième exercice à Subotica. Le club lui témoigne sa confiance en le prolongeant jusqu’en 2026 l’été dernier. « Je suis vraiment content ici, avoue le Vaudois, je ne regrette pas d’être venu en Serbie. Cette saison, je n’ai pas beaucoup joué parce que j’ai eu une fracture au pied au mois d’août mais maintenant cela va mieux et je rejoue depuis deux matchs ».

Dans le championnat serbe qui compte 16 équipes, l’objectif du commun des mortels est de finir dans le top 8, qui donne accès au tour champion, bien moins stressant que le tour de relégation. « Notre objectif est clairement de finir dans les 8 premiers, confirme-t-il. Déjà, tu es sûr de pas descendre, mais en plus, tu joues des meilleurs matchs en fin de saison ». Actuellement, Subotica est 10e, à seulement trois points du top 8.

Bogicevic vit sa troisième saison à Subotica (Photo: Spartak Subotica)

Dans l’ombre des ogres de Belgrade

En parlant de meilleurs matchs, comment vit-on dans l’ombre des deux ogres de Belgrade que sont l’Etoile Rouge et le Partizan ? « Quand tu joues contre eux, surtout à l’extérieur, il y a vraiment une ambiance incroyable ! Mon tout premier match avec Subotica était contre Etoile Rouge. J’ai commencé à m’entraîner le lundi et le week-end, on jouait contre eux. Les tribunes étaient remplies, l’atmosphère était incroyable. Autant l’Etoile Rouge que le Partizan sont de très bonnes équipes, il y a une énorme différence entre ces deux et le reste du championnat. C’est compliqué de les jouer mais on a toujours hâte. »

D’ailleurs, quel club supporte sa famille, qui habite toujours en Suisse ? « Mon père et mon frère sont à fond pour le Partizan, ils suivent tous les matchs. Moi, j’étais un peu plus pour l’Etoile Rouge quand j’étais jeune (rires). Mais depuis que je suis en Serbie, un peu moins, parce que je les affronte ».

A l’instar d’autres footballeurs qui ont franchi l’étape d’aller jouer à l’étranger, l’objectif de Bogicevic est de taper dans l’œil des meilleurs clubs du pays. Si les blessures le respectent –il vient de connaître sa première longue blessure dont il s’est pleinement remis–, de bonnes performances pourraient lui ouvrir les portes d’un plus gros calibre. « Mon club vit des ventes de joueurs, confirme-t-il. Dès qu’ils ont l’opportunité de vendre un joueur à bon prix, ils le vendent. Mon but est d’être performant tous les week-ends et pourquoi pas attirer le regard d’un meilleur club en Serbie ou à l’étranger ».

 

 
 
 
 
 
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Une aventure qu’il faut tenter

A l’étranger, mais qu’en est-il de la Suisse ? « S’il y a une bonne proposition, je ne serais pas contre un retour en Suisse, mais ce n’est pas un objectif que je me suis fixé à tout prix. Je suis ouvert à tout. La Suisse ne me manque pas spécialement parce que je me suis bien adapté ici. Je suis passé de la troisième à la première division, je suis vraiment content du chemin parcouru jusqu’ici ». Au passage, que vaut la première division serbe pour lui ? « Je pense que le championnat serbe est plus ou moins similaire au championnat suisse. Si on prend les meilleurs clubs suisses et serbes, Young Boys et l’Etoile Rouge se sont affrontés cette année en phase de poule de Ligue des Champions et cela a donné deux matchs assez serrés ».

Au moment de faire le bilan, le Vaudois ne regrette pas son choix d’avoir tenté l’aventure en dehors de la Suisse à l’été 2019. Il conclut sur les bienfaits d’un départ à l’étranger, qu’il encourage vivement : « Ce n’est pas parce que cela ne marche pas en Suisse que cela ne va pas marcher dans un autre pays. C’est une aventure qu’il faut essayer. Partir à l’étranger t’aide à te renforcer intérieurement. Il y a aussi des moments difficiles, mais pour moi c’est une bonne étape ».

Les performances de Mihailo Bogicevic sont à suivre tous les lundis dans notre rubrique des Vaudois de l’étranger.

 

Photo de couverture: Mihailo Bogicevic (Instagram)

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